Si les Canadiens anglais connaissaient l’histoire du Canada…

Si les Canadiens anglais connaissaient l’histoire du Canada…

 Frank Hart,  lettre diffusée dans plusieurs journaux de l’Ouest canadien

Si les Canadiens anglais se donnaient la peine de connaître l’histoire du Canada, ils accueilleraient leurs partenaires Canadiens français à bras ouverts car sans les Canadiens français des années 1770, le Canada n’existerait pas aujourd’hui.

Si les Québécois avaient été Anglais, toutes les colonies de l’Amérique du Nord se seraient débarrassées du roi Georges III d’Angleterre et se seraient jointes à la révolution américaine.

Cet fut la société distincte des Canadiens français, leur langue, leur religion et leurs coutumes qui donnèrent à l’Angleterre sa dernière chance de demeurer en Amérique du Nord. Sans Québec, l’Angleterre n’aurait pas eu de centre d’opération pour se battre contre les insurgés américains.

Après la conquête du Québec en 1759, l’Angleterre essaya d’assimiler les Canadiens français au milieu anglais (proclamation royale 1763). On se demande peut-être comment 65 000 Canadiens français ont pu survivre dans un empire américain de deux millions et demi d’habitants qui ne parlaient que l’anglais. Les Canadiens français ne savaient plus où aller. À l’exception d’environ 5 000, tous étaient nés au Québec. Ils étaient chez eux. Québec n’était pas une terre sauvage mais un pays bourgeonnant. Les problèmes aujourd’hui trouvent leur genèse dans ce fait indéniable. Les Canadiens français sont sans aucun doute une société distincte et l’Angleterre reconnut ce fait. L’Angleterre avait bien d’autres chats à fouetter que de s’occuper d’essayer d’extirper la langue française et la religion catholique.

Bien que la religion catholique ait été déclarée illégale en Grande-Bretagne, elle ne fut pratiquement pas touchée au Québec.

De plus, l’acte de Québec de 1774 fut passé en Grande-Bretagne. Il représentait le désistement final de la règle d’assimilation. L’Acte annexait aussi les territoires de l’Ouest entre les rivières Ohio et le haut Mississippi à Québec. L’Acte de Québec spécifiait qu’à la province de Québec avait été accordé un statut spécial par un acte impérial du parlement de la Grande-Bretagne (numéro 2). L’Acte de Québec 1774, 14 George 111. Ch.83 (R-U). «Un acte qui solidifiait le gouvernement de la province de Québec dans l’Amérique septentrionale.»

Seulement 16 ans après la conquête du Québec, les 13 colonies américaines déclaraient leur indépendance de la Grande-Bretagne. Moins de 40 ans plus tard, en 1812, les insurgés américains du Sud essayèrent d’envahir le Canada. Dans les deux cas, les Britanniques eurent besoin des Canadiens français. Les Britanniques savaient que les Canadiens français étaient déterminés à demeurer une société distincte. Les Britanniques savaient aussi qu’ils auraient besoin de leur aide, ou du moins de la passivité des Canadiens français pour repousser l’invasion. Ce n’est qu’en les exaspérant que la Grande-Bretagne pouvait obtenir leur appui. Sans les Canadiens français, il n’y aurait pas de Canadiens anglais aujourd’hui. Nous serions tous des citoyens des États-Unis d’Amérique.

Je remercie donc mes frères, les Canadiens français, d’avoir sauvé le Canada. Je suis un Anglo-Canadien, mais je ne suis pas d’accord avec l’attitude des anglais.

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Note: Cette lettre, diffusée dans plusieurs journaux de l’Ouest canadien, a été écrite par Frank Hart, domicilié au 25, Cortez Place, Nanaimo, B.C.

À la suite d’une conversation téléphonique avec l’auteur (5 juillet 2001), nous avons obtenu la permission de publier sa lettre dans La Feuille de chêne, revue de la Société de généalogie de Saint-Eustache, et dans L’ÉVEIL, hebdomadaire de notre région, en hommage à nos familles de l’époque.

Normand-Guy Goudreau, SGSE
http://www.linfonet.com/gene/

Une réflexion sur « Si les Canadiens anglais connaissaient l’histoire du Canada… »

  1. Si les États-Uniens ont tenté d’envahir le Canada, c’est parce que le Royaume-Uni arrêtait pour désertion en temps de guerre les marins états-uniens qui leur tombaient sous la main…

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