D’une mère partie à la patrie canadienne : archéologie du patriote au xviii ième siècle

Note de Canada Libre : Ce texte décrit minusieusement l’apparition de la patrie Canadienne. Il est d’un grand intérêt pour nous car il décrit en même temps la naissance et le développement de l’idendité Canadienne.

D’une mère partie à la patrie canadienne : archéologie du patriote au xviii ième siècle

Bernard Andrés, Université du Québec à Montréal – IREP

  On s’attache ici à retracer les premiers avatars du «patriote» canadien, de la guerre de Sept Ans à la fin du xviif siècle. L’étude des réinvestissements discursifs autour de la «patrie», de la «matrie» et de la «fratrie» permet de suivre l’évolution du sentiment d’appartenance collective chez les Canadiens de l’après-Conquête. Le corpus est constitué de fonds d’archives privées ou publiques, mais aussi des premiers imprimés canadiens et des documents constitutionnels relatifs à l’époque. Cette archéologie du patriote concerne aussi bien le Canadien que la Canadienne du temps, mais aussi le sentiment «proto-national» des Anglais et des Américains, dans la mesure où la période correspond à la guerre d’indépendance chez les voisins du sud et au sort global de l’Amérique.

Pour prendre au mot le projet de Marilyn Randall et Daniel Vaillancourt concernant la «généalogie de la figure du Patriote», il convient de remonter au-delà du XIXe siècle et de cerner les premières occurrences du lexeme, avant même que ne se fichent dans l’imaginaire les figures emblématiques de l’habitant fléché ou du héros sacrificiel. Je tâcherai donc, dans l’esprit des travaux sur l’«Archéologie du littéraire», de dépister les premières apparitions du «Patriote» entre la guerre de Sept ans et la fondation du journal Le Canadien. Cinquante ans s’écoulent en effet entre la fin des années 1750 et la publication en 1806 du premier périodique «patriotique». En amont comme en aval, deux ruptures dans l’imaginaire canadien. En amont, c’est la fin d’un régime, la Nouvelle-France cédée à l’Angleterre, le changement d’allégeance qui fait du Canadien un «nouveau sujet britannique». On imagine que ce passage d’une «mère patrie» (ou partie) à l’autre eut des effets sur le sémantisme de l’ethnonyme «Canadien», tout comme sur le sens même du patriotisme. S’agit-il même alors ..

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Une réflexion sur « D’une mère partie à la patrie canadienne : archéologie du patriote au xviii ième siècle »

  1. «« .. en Nouvelle-France dès la deuxième génération d’habitants : très
    tôt, la référence devient endogène et la patrie désigne de plus en plus
    le géniteur canadien et «le pays de Canada». »»

    Soulignons : En Nouvelle France, dès la deuxième génération (celle née en Canada), la patrie est le CANADA.

    ..

    «« .. la patrie prend un sens particulier chez les Canadiens. En effet,
    ceux-ci ont très tôt ressenti une forme d’appartenance territoriale
    qui les distinguait des Français de passage.

    Claude Galarneau rappelle qu’en 1747 le major de Trois-Rivières,
    Rigaud de Vaudreuil, parlait de sa «patrie» et que, tant dans l’armée que
    dans le clergé, les Canadiens enduraient peu leurs supérieurs hiérarchiques
    «forains» (au sens de métropolitains, étrangers). Il faut aussi rappeler
    l’étude déterminante de Gervais Carpin sur l’ethnonyme «Canadien» durant
    la période allant de 1535 à 1691. Fernand Dumont a, pour sa part, bien
    marqué comment la «dynamique du milieu» a forgé les figures du colon
    ou de «l’habitant» et du «coureur des bois», toutes deux fort distinctes de
    (et parfois hostiles à) celles de l’administrateur et du militaire métropolitains.
    Pour lui, un «sentiment national» voit le jour dès la Nouvelle-France.
    Au soir de ce régime, les 65000 ou 70000 Canadiens connaissent
    une forme de cohésion linguistique et socio-culturelle que conforte
    également une relative homogénéité démographique. »»

    Voilà qui est parfaitement clair. De nombreuses sources montrent que les colons nés en Nouvelle-France ont immédiatement développé une identité patriotique CANADIENNE distincte de la France et des Français qui, eux, étaient finalement considérés comme étrangers. Cela contredit carrément toute affirmation voulant que nos ancêtres ne fussent que des Français en Nouvelle-France.

    Officiellement, nos ancêtres n’étaient que Français, oui, mais cela n’est rien qu’une définition morte et stérile ne tenant aucun compte de l’avènement d’un peuple original, distinct et nouveau dans le Nouveau-Monde qui ne dépendait aucunement de sa métropole pour se définir et exister. La preuve que l’identité et la patrie Canadiennes du temps de la Nouvelle-France étaient affirmées, solides et vivantes est qu’elles ont survécu sans peine à la disparition de la mère-patrie et perduré sans elle malgré l’occupation étrangère radicalement hostile à la langue, les origines et la culture depuis plus de deux siècles et demi jusqu’à ce jour.

    Refuser de reconnaître notre identité Canadienne profonde de plus quatre siècles c’est s’amputer de soi-même. L’abandonner lâchement à l’envahisseur occupant – qui ne manque pas de reconnaître sa valeur et sa puissance, lui – n’est rien de moins qu’un suicide national.

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