Premier Traité de l’histoire de la Nouvelle-France en Amérique

L’Alliance de 1603 (Tadoussac) et la souveraineté des peuples autochtones du Québec.

GITPA
GROUPE INTERNATIONAL DE TRAVAIL POUR LES PEUPLES AUTOCHTONES


Camil Girard, Jacques Kurtness
Groupe de recherche en histoire (GRH)
Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

CIÉRA-Université Laval.
Page web : http://wwwens.uqac.ca/dsh/grh/

Version remaniée d’une conférence prononcée à l’université de Xalapa, Veracruz, México, le 22 mars 2011, amphithéâtre : Gonzalo Aguirre Beltrán, dans le cadre du Colloque international Québec à Mexico intitulé : Développement régional, nouveaux acteurs et espaces publics, table : Autonomie et peuples autochtones Québec-Mexico.

Source

Résumé :

La communauté de Pointe Saint-Mathieu (Baie Sainte-Catherine près de Tadoussac- nord-est du Québec-Canada) a célébré le 27 mai 2003, le 400e anniversaire de la première Alliance interculturelle entre les Peuples autochtones et la France.

Cette analyse d’une première Alliance interculturelle entre Montagnais (Innus), Malécites, Algonquins et les Français se déroule le 27 mai 1603, à la pointe Saint-Mathieu (aujourd’hui Pointe aux Alouettes), tout près de Tadoussac. Dans ses récits et dans les documents officiels, Champlain n’apparaît plus comme le héros, qui, en nommant les lieux, en dressant des cartes ou en posant des gestes symboliques s’approprierait la Nouvelle-France au nom du roi. Une histoire plus complexe s’impose autour de nouveaux éléments dont l’Alliance avec le grand Sagamo du « Canada », Anadabijou et les peuples autochtones, sont au coeur d’une histoire interculturelle, politique et commerciale qui est officialisée par les différents acteurs qui participent aux célébrations. Les Alliances avec les peuples autochtones et leur maintien s’inscrivent, à partir de l’Alliance de 1603, dans la politique de la France qui, en s’alliant avec les Peuples autochtones reconnaît leurs droits des peuples souverains sur leurs terres.

Introduction

L’ONU a reconnu le 13 septembre 2007, le droit des peuples autochtones. (Stavenhagen, D’Avignon, 2010). Dans le cadre des nouvelles politiques concernant les peuples autochtones, le Canada a aussi reconnu en 1982, sur fond d’une politique historique d’extinction des droits et des terres, des droits « existant, » mais limités aux « droits ancestraux ou issus de traités » alors que les Indiens restent sous la tutelle des gouvernements car la Loi des Indiens (1876), loi discriminatoire, continue de s’appliquer au Canada1.

Au Québec, le gouvernement a refusé de signer la nouvelle constitution canadienne de 1982. En marge de la constitution fédérale, l’Assemblée nationale du Québec a reconnu le 20 mars 1985, 11 nations autochtones sur son territoire (Nation des Malécites en 1989). Constitutives du Québec dans ses fondements de souveraineté partagée, les 11 nations autochtones du Québec se sont vu reconnaître le droit à l’autonomie, à leur identité, ainsi que le droit de posséder et de contrôler leur terre et leur ressource (Chevrette, 2003). L’Alliance autochtone du Qubec a été partie prenante au dossier à titre de représentant des « Indiens non inscrits et sans statuts » vivant hors réserves (Débats de l’Asemblée nationale du Québec, 19 mars, 1985 : 2496-2497). En quoi ces reconnaissances officielles peuvent–elles s’inscrire dans une histoire des premiers contacts qui, dans les Amériques, a impliqué des alliances avec les peuples autochtones? L’analyse de l’Alliance de 1603 cherche à montrer certains aspects d’une politique interculturelle qui se met en place autour des notions d’alliance et de souveraineté partagée concernant la gestion des terres et des ressources des nations autochtones. … suite (document en format pdf) …